08/12/2005 Texte

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Interview Antoine basbous

Antoine Basbous, Directeur de l’Observatoire des Pays Arabes, Une véritable victoire des islamistes, on l’écoute :

AB : Elle est réelle quoique entravée par l’intervention de l’administration. Même les magistrats ont contesté la façon de faire de l’administration et des forces de l’ordre. S’il n’y avait pas ces contraintes là, je pense que les Frères Musulmans l’auraient emporté haut la main et auraient eu la majorité.

Est-ce que ça veut dire que les Egyptiens optent pour un islamisme ou est-ce que simplement ils veulent du changement ?

AB : A mon avis, ils veulent d’abord le changement avec un Smic à moins de 100 dollars, les Egyptiens n’arrivent pas à joindre les deux bouts. Il y a beaucoup de pauvreté dans ce pays, il y a une insatisfaction et il y a une usure du pouvoir après plus de 53 années avec une même mouvance qui contrôle ce pouvoir. C’est une mouvance qui est issue de l’armée depuis la Révolution de 1952. Et l’actuel président de la République est à son poste depuis 24 ans. Donc il y a une réelle envie de changement et de rupture. Les Frères Musulmans, dont le slogan est « l’islam est la solution », sont attrayants pour incarner ce changement. Même si ceux qui ont voté pour les islamistes ne sont pas tous islamistes mais ils veulent le changement, ils veulent la rupture. Or le problème, c’est que les régimes totalitaires arabes n’ont pas ouvert leur champ politique au troisième courant des forces libérales de la société civile et qui serait une alternative entre le Palais et la Mosquée.

Est-ce que c’est une situation qui peut-être dangereuse, devenir dangereuse ?

AB : On ne peut pas en même temps ouvrir le champ politique et contrôler l’issue de cette ouverture. Or le régime égyptien, sous la pression des Etats-Unis, a ouvert un peu le champ politique sans assumer les conséquences. Et là, il peut y avoir frustrations, il peut y avoir tensions.

Antoine Basbous était interviewé par Yves Isard

OBSERVATOIRE DES PAYS ARABES
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