26/04/2011 Texte

pays

<< RETOUR

Syrie: Des condamnations, mais pas d'intervention

La communauté internationale s'inquiète des derniers développements en Syrie et condamne la répression menée par le régime de Bachar el-Assad. Alors que le ministère français des Affaires étrangères a indiqué mardi vouloir des "mesures fortes" de l'ONU et l'UE, la Syrie peut-elle faire l'objet d'une nouvelle intervention internationale ? Après la Libye, un nouveau problème sérieux se pose pour les diplomaties étrangères: gérer la répression de la population syrienne par le régime du président Bachar el-Assad, au pouvoir depuis 2000. Les violences se sont accrues lundi, notamment dans la ville de Deraa, et continuait encore mardi, avec l'arrivée de renforts de l'armée syrienne. Le soulèvement -qui dure depuis plus d'un mois en Syrie- aurait fait pour l'heure près de 400 victimes. Actuellement, les réactions internationales sont loin d'être coordonnées: si Paris et Rome, par les voix de Nicolas Sarkozy et Silvio Berlusconi, ont demandé mardi la fin immédiate de la répression, les Etats-Unis réfléchissent à des sanctions ciblées à l'encontre de responsables syriens voire à une évacuation d'une partie du personnel son ambassade. De même, l'Allemagne a pour l'heure simplement conseillé à ses ressortissants de quitter le pays. Quant au Royaume-Uni, il cherche d'abord à se concerter avec ses partenaires européens. Mais pour l'heure, les institutions telles que l'ONU ou l'Union Européenne tardent à réagir. Vers une réunion d'urgence des ambassadeurs des 27 pays membres Aux Nations-Unies, quatre pays – dont la France – ont lancé une procédure de condamnation au sein du conseil de sécurité qui pourrait être rendue public si les 15 membres de ce Conseil l'approuvent. Une tâche loin d'être accomplie puisqu'il faudrait notamment l'accord de la Russie et de la Chine, soucieux de défendre la souveraineté syrienne. Par ailleurs, les pays occidentaux essayent d'empêcher la Syrie d'obtenir un siège au conseil des droits de l'homme, comme il en sera question le mois prochain. Du côté de l'Union Européenne, une réunion d'urgence des ambassadeurs des 27 pays membres devrait être convoquée rapidement. Mais il y a encore trois jours, la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton assurait au régime syrien de le soutenir dans "un authentique processus de réformes". "Rien ne dit que les Syriens aient besoin d'une intervention" Si les condamnations verbales se font donc de plus en plus nombreuses, il n'est pas encore question de sanctions précises vis-à-vis du président el-Assad. Et encore moins d'une intervention militaire, qui ne pourra se faire sans une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU et qui ne sera "pas facile à obtenir", selon les propos de Nicolas Sarkozy mardi à Rome. D'autant plus que l'engagement de la coalition internationale en Libye risque d'exclure définitivement cette piste. "Les pays engagés en Libye ne sont pas susceptibles de se déployer partout dans le monde", souligne Antoine Basbous, directeur de l'Observatoire des pays arabes, contacté mardi par leJDD.fr. "D'ailleurs rien ne dit que les Syriens aient besoin d'une intervention et qu'il faille une guerre. Le simple fait de comprendre le soulèvement du peuple syrien peut suffire", poursuit-il. De plus, la situation géopolitique de la Syrie rend quasiment impossible l'option d'une intervention. "Il y a beaucoup d'appréhension de la part de la communauté internationale parce que la Syrie est frontalière de pays à problèmes. Ce sont des problèmes que la Syrie a d'ailleurs souvent suscités. Le pays a pris une place exorbitante sur la scène régionale de sorte qu'elle est devenue le relai de l'Iran au Proche-Orient, et elle traite directement avec le Hamas ou le Hezbollah". Une telle implication de forces étrangères dans ce pays, frontalier de la Turquie, du Liban, de l'Irak, d'Israël et de la Jordanie, provoquerait ainsi une série de réactions en chaine totalement imprévisibles. Arnaud Focraud

OBSERVATOIRE DES PAYS ARABES
twitter   |