11/03/2011 Texte

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Maroc : «Il est encore trop tôt pour dire si Mohammed VI sauvera son trône»

Au lendemain de l’intervention télévisée de Mohammed VI annonçant une «réforme constitutionnelle globale», le Maroc s’interroge sur la réelle volonté du roi de changer la donne politique dans le pays, où sont prévues de nouvelles manifestations le 20 mars prochain. Le Parti Islamiste Justice et Développement (PJD) a salué les efforts entrepris par le régime. SUR LE MÊME SUJET Directeur de l'Observatoire des pays arabes, Antoine Basbous décrypte cette réforme annoncée. Quelle est l'importance de l'annonce faite mercredi soir par Mohammed VI? ANTOINE BASBOUS. C'est une initiative importante. Elle intervient trois semaines après le mouvement de colère des jeunes le 20 février, et alors qu'ils s'apprêtent à redescendre dans la rue le 20 mars. Le roi est conscient que son pays n'est pas à l'abri de secousses face à la vague qui balaye les pays arabes. Il a donc voulu donner des gages de réforme, à commencer par celle du statut du Premier ministre qui sera issu du parti majoritaire au Parlement, et qui devra rendre compte aux parlementaires .C'est une avancée importante. En plus, il a annoncé une régionalisation très poussée. L'exécutif local sera élu au suffrage universel et mènera des activités dans chaque région en lieu et place du représentant du roi. Deux importantes promesses auxquelles il faut ajouter la répartition du pouvoir, une justice plus juste et une lutte contre la corruption. La réforme annoncée va-t-elle réellement changer la situation du pays? ANTOINE BASBOUS. Ce à quoi le roi ne peut pas répondre tout de suite, ce sont justement les revendications quant à la cherté de la vie, le chômage et la pauvreté, car les finances du royaume sont loin d'être florissantes. Les réformes constitutionnelles n'auront pas d'effet immédiat sur la situation économique du pays. Le roi a promis de réformer d'abord le régime pour tendre vers le modèle en vigueur en Espagne, où il y a une monarchie constitutionnelle. Comment l'opposition a-t-elle accueilli ce discours? ANTOINE BASBOUS. C'est mitigé. Les partisans de la monarchie ont applaudi alors que les manifestants du mouvement du 20 février ont émis des critiques. Ces derniers n'ont pas été satisfaits. Ils n'ont notamment pas obtenu la dissolution du Parlement. Ce projet de réforme sera-t-il suffisant pour sauver la monarchie? ANTOINE BASBOUS. Le fait que le roi prenne des décisions et fasse des propositions signifie qu'il est à l'écoute du peuple et qu'il est prêt à agir. Certains trouveront cela suffisant et d'autres qu'il y a matière à discuter. Il est encore trop tôt pour dire si les avancées de Mohammed VI suffiront pour sauver son trône.

OBSERVATOIRE DES PAYS ARABES
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