06/11/2009 Texte

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Autorité Palestinienne

Mahmoud Abbas n’est pas un leader, le job ne convenait pas à sa personnalité profonde

Antoine Basbous. Directeur de l’observatoire des pays arabes à Paris Mahmoud Abbas affirme qu’il renonce à se représenter à la présidence de l’Autorité palestinienne lors du scrutin qu’il a décidé d’organiser le 24 janvier en Cisjordanie, en l’absence d’accord de réconciliation avec le Hamas, qui contrôle la bande de Ghaza. Mahmoud Abbas jette l’éponge. Le président de l’Autorité palestinienne renonce à se présenter pour la prochaine présidentielle. Un coup de bluff ou l’aveu d’un échec ? Cela peut être les deux. Abbas n’est pas charismatique, il a toujours été numéro deux dans les coulisses de Arafat. Le bilan de son mandat à la tête de l’Autorité palestinienne n’est pas brillant. On disait depuis longtemps que l’homme se trouvait mal à son poste et n’arrivait pas à s’imposer. Autour de lui des hommes de sa génération avec plus de talent l’observaient. Mahmoud Abbas n’est pas un tueur, foncièrement ce n’est pas un leader, le job ne convenait pas à sa personnalité profonde. Mais cela peut aussi être un coup de bluff. Il a pu annoncer cela pour voir s’il se dégageait une dynamique pour le retenir, après sa déception concernant Barack Obama. Justement, que reproche-t-il à la Maison- Blanche ? Lors de l’arrivée au pouvoir de Barack Obama à la tête des Etats-Unis, beaucoup de promesses ont été faites en direction des Palestiniens. Mahmoud Abbas avait l’assurance du président américain qu’Israël allait geler la construction de ses colonies dans les territoires palestiniens. Malheureusement pour Mahmoud Abbas, le bras de fer américano- israélien n’a pas eu lieu. Barack Obama est revenu sur ses promesses et affirme désormais que l’on « n’arrête pas la colonisation mais que l’on négocie tout en ralentissant la colonisation », ce qui, vous le comprendrez, n’est pas la même chose. Dans ce contexte, les élections du 24 janvier auront-elles lieu ? Le Hamas qui dirige Ghaza ne veut pas en entendre parler… La situation est dramatique pour les Palestiniens. Il n’y a plus une seule Palestine mais deux : la Cisjordanie dirigée par le Fatah de Mahmoud Abbas, et Ghaza sous la coupe du Hamas. Le Hamas représente les intérêts de la Syrie et de l’Iran et met des bâtons dans les roues de l’Egypte et de l’Arabie Saoudite qui soutiennent le Fatah de Mahmoud Abbas. Selon moi, les élections n’auront pas lieu à Ghaza. Le futur chef de l’Autorité palestinienne dirigera seulement la Cisjordanie. Ensuite, Fatah et Hamas essaieront de se disputer l’Autorité sur les 3 millions de Palestiniens de la diaspora. Mais alors qui pourrait succéder à Mahmoud Abbas à la tête, même réduite, de l’AP ? Depuis longtemps Mahmoud Abbas veut imposer son dauphin Mohamed Dahlan. Cet homme était chargé de la sécurité à Ghaza. Avec la fuite du Fatah vers la Cisjordanie et la prise du pouvoir par le Hamas, l’homme a échoué dans sa mission. Mais il a plusieurs cartes dans son jeu, de très bonnes relations avec certains responsables israéliens. Pour se présenter à la présidentielle, le candidat doit pouvoir mettre les pieds en Cisjordanie (avec autorisation israélienne donc), ce qui n’est pas le cas de tout le monde. Une autre personnalité aurait eu plus de chance de l’emporter facilement, c’est Marwane Barghouti, incarcéré dans les geôles israéliennes. Son passé, son charisme et sa légitimité jouent pour lui. Il peut ratisser large au-delà de l’électorat traditionnel du Fatah et apporter les voix de sympathisants du Hamas. Mais dans l’Israël d’aujourd’hui, avec Benyamin Netanyahou à la tête du gouvernement, une libération de Barghouti est impensable, Israël n’a aucun intérêt à remettre sur orbite une personnalité de la carrure de Barghouti. Enfin , on peut toujours rêver… Par Ahmed Tazir

OBSERVATOIRE DES PAYS ARABES
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