27/08/2009 Texte

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L'anniversaire de la révolution libyenne embarrasse les Européens

ROME, 27 août 2009 (AFP) - Le 40ème anniversaire de l'arrivée au pouvoir de Mouammar Kadhafi a révélé l'embarras des pays européens, soucieux de normaliser leurs rapports avec une Libye riche en pétrole mais gênés d'afficher leur proximité avec un ex-paria de la communauté internationale. D'autant que les festivités de mardi vont se dérouler sur fond de polémique, après le tollé suscité par l'accueil triomphal d'Abdelbaset Ali Mohamed al-Megrahi, condamné pour l'attentat de Lockerbie (270 morts) et libéré par l'Ecosse pour raisons médicales. A quelques jours de la cérémonie, le flou régnait encore sur la participation des responsables occidentaux, rumeurs, annonces et démentis se succédant. Tripoli a ainsi affirmé que le président français Nicolas Sarkozy et les président et Premier ministre russes, Dmitri Medvedev et Vladimir Poutine, étaient attendus à la cérémonie. Mais les intéressés ont rapidement démenti. Même chose pour le couple royal espagnol dont la participation avait été annoncée par les Libyens. Le chef de la diplomatie espagnole Miguel Angel Moratinos sera en revanche présent, de même que le Vénézuélien Hugo Chavez, ainsi que "quarante à cinquante chefs d'Etat africains", selon Tripoli. Et la Suisse, qui a de son côté présenté ses excuses pour l'arrestation mouvementée d'un des fils Kadhafi l'an dernier à Genève, caressant l'espoir d'accéder de nouveau au marché libyen, n'a toujours pas obtenu dans l'immédiat le retour espéré de deux Suisses retenus depuis un an en Libye. "Cet anniversaire est révélateur des contradictions des Occidentaux. Le cynisme politique les pousse à caresser Kadhafi dans le sens du poil mais leurs opinions publiques trouvent encore qu'il n'est pas très fréquentable", estime Antoine Basbous de l'Observatoire des pays arabes. "Le chemin de Tripoli est devenu une destination courue. La réhabilitation de Kadhafi est aujourd'hui totale". Pour cet analyste, "il y a une course entre les Occidentaux pour améliorer leurs positions vis à vis de la Libye, le champion étant Berlusconi, suivi de près par Tony Blair (l'ex-Premier Ministre britannique)". Seif Al-Islam Kadhafi, fils du numéro un libyen, a affirmé que la libération d'Abdelbaset al-Megrahi était au coeur des contrats commerciaux conclus avec la Grande-Bretagne, ce que Londres a démenti. Le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi sera pour sa part dès dimanche à Tripoli pour le premier anniversaire de la signature du traité d'amitié entre les deux pays, censé solder la période coloniale avec des excuses de Rome et l'engagement à investir 5 milliards de dollars sur 25 ans. Il n'assistera pas aux festivités de mardi, mais cette visite a néanmoins été dénoncée par la gauche. Après sa visite en France en décembre 2007 qui a suscité un torrent de critiques malgré la promesse de milliards d'euros de contrats, le leader libyen avait été reçu en grande pompe en Italie en juin dernier, également sur fond de vive polémique. La libération de Megrahi pourrait faciliter, selon certains observateurs, les négociations sur un accord de partenariat entre l'UE et la Libye, entamées en novembre 2008 à la suite de la libération des infirmières bulgares (juillet 2007). Mais pour Sergio Romano, éditorialiste du Corriere della Sera et ex-ambassadeur, les relations resteront difficiles tant que Kadhafi sera au pouvoir "car il ne renoncera jamais à son rôle de +protecteur de la nation+, qui fait partie de son jeu".

OBSERVATOIRE DES PAYS ARABES
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