11/05/2001 Texte

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L'Islamisme, une révolution avortée ?

L'islamisme en déclin

Le 21 avril, sept douaniers algériens étaient assassinés au fusil mitrailleur non loin des champs pétrolifères de Hassi Messaoud (Sahara). Imputée au groupe armé de l'émir Ben Mokhtar, cette tuerie est sans précédent dans un secteur sous haute surveillance militaire. La violence terroriste tarde à s'éteindre en Algérie, mais là comme ailleurs la mouvance islamiste radicale a échoué. Pour elle, «le XXe siècle s'est achevé sur un véritable désastre», souligne Antoine Basbous, directeur de l'Observatoire des pays arabes. Son livre est une plongée au cœur d'un monde en convulsions où la victoire de Khomeini en Iran fit l'effet d'un coup de tonnerre.

Sponsorisée par les Etats-Unis et l'Arabie saoudite, la guérilla afghane contre l'envahisseur soviétique servira d'académie militaire aux islamistes combattants. Bientôt, ils défient tout à la fois l'Occident et les dirigeants «impies» au pouvoir en terre d'islam. Antoine Basbous ne conteste pas la «légitimité» de leurs motivations. A l'appui, un constat sans appel: «Les régimes arabes, dans leur écrasante majorité, représentent aujourd'hui l'un des derniers bastions de la dictature dans le monde.» Et de décrire le retard global accumulé en matière de développement, y compris dans les Etats qui disposent d'importantes ressources pétrolières. Aujourd'hui, constate-t-il encore, «les pays arabes n'attirent que 1% des investissements internationaux». Pour avoir utilisé les méthodes mêmes des pouvoirs qu'ils combattaient - «la répression et la violence» - les extrémistes islamistes se sont discrédités aux yeux des opinions publiques avant de s'entre-déchirer. Une seule organisation échappe à présent à tout contrôle: Al-Ka'ida (la Base), que dirige Oussama bin Laden, milliardaire déchu de sa nationalité saoudienne et dont les Etats-Unis ont mis la tête à prix. L'Afghanistan des taliban lui a donné refuge. Antoine Basbous établit le profil et l'itinéraire de ce chef des «afghans arabes», surnommé «le Che Guevara de l'islam», avec une précision qui révèle que ses sources sont de première main.

Le déclin actuel de l'islamisme laissant intactes les causes de son irruption, une relève n'est pas à exclure. Il existe néanmoins une autre issue, à l'œuvre aujourd'hui en Iran. Elle repose sur «les élites qui plaident pour une approche moderniste de l'islam». Encore faudrait-il qu'elles puissent s'exprimer dans le monde arabe sans être réduites au silence ou contraintes à l'exil.

OBSERVATOIRE DES PAYS ARABES
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