Mokhtar Belmokhtar, une figure du banditisme et du terrorisme en Afrique
Selon le gouvernement libyen, le chef djihadiste Mokhtar Belmokhtar aurait été tué lors d'une frappe américaine en Libye. Les Etats-Unis confirme qu’il était bien la cible d’une opération aérienne, mais n’ont pas de preuve de la mort du chef djihadiste. Retour sur le parcours de cette figure de l'insurrection djihadiste avec Antoine Basbous, directeur de l’Observatoire des pays arabes.
Le gouvernement libyen a annoncé dimanche la mort de Mokhtar Belmokhtar lors d'une frappe américaine en Libye. Si les Etats-Unis confirme qu’il était visé par une frappe aérienne, ils n’ont, pour le moment, aucune de preuve de sa mort.
Né en Aglérie, Mokhtar Belmokhtar commence son parcours de djihadiste en Afghanistan, dans les années 80. Il va rejoindre les moudjahidines afghans et suivre une formation dans plusieurs camps. Lors d’un combat au sein du Hezb-e-Islami Gulbuddin dans les environs de Jalalabad et de Kaboul, il est grièvement blessé à l'œil droit par un éclat d'obus. "C’est sur ce territoire qu’il perd un œil à cause d'un éclat d'obus. Il est alors surnommé 'Le borgne' (Belaouer ou Laouer)", explique Antoine Basbous, directeur de l’Observatoire des pays arabes.
Ensuite, il a parcouru toutes les mouvances djihadistes algériennes du GIA jusqu’à ce qu’il crée lui-même sa propre enseigne l’Al-Mourabitoune, qui a revendiqué des attaques au Mali contre les forces françaises.
Une figure de l'insurrection djihadiste
Mokhtar Belmokhtar s’est illustré en janvier 2013 avec la prise d’otages du premier centre de production algérien de gaz à In Amenas, à une soixantaine de kilomètres de la Libye. Cette action s’est soldée par la mort de 38 étrangers, dont trois Américains et par celle des preneurs d’otages. "Cette prise d’otages a ému la terre entière."
Le djihadiste avait une centaine d’hommes sous ses ordres, ce qui n’est pas forcément énorme. "Mais il a eu l’intelligence, quand il s’est installé dans le Nord Mali, d’épouser, ainsi que ses hommes des filles du bled. C’est ainsi qu’il a constitué un réseau dans cette région," explique Antoine Basbous.
Terroriste et bandit
Mokhtar Belmokhtar a dirigé Aqmi, mais a fini par la quitter. Par la suite, il a refusé de faire allégeance au groupe Daech (Etat islamique). "Il avait déjà fait allégeance à Al-Qaïda qui lui laissait une grande marge de manœuvre. Il s’était installé dans le grand banditisme avec une couverture djihadiste, et a participé à plusieurs prises d’otages et empoché des millions de dollars. Il avait la couverture d’Al-Qaïda et la liberté d’exercer le grand banditisme dans le Sahel jusqu’en Méditerranée."
Si sa mort est confirmée, il sera forcément remplacé. "La mouvance reste là, les idées sont là, l’occasion de faire du business avec le grand banditisme avec une couverture djihadiste reste de mise, sauf qu’un homme disparaît et son savoir-faire aussi. Il va falloir que ceux qui sont derrière lui s’entendent sur un successeur et cela va fragiliser l’organisation et peut-être créer des doutes et l’affaiblissement de la mouvance," estime Antoine Babous.
Une mort déjà annoncée
Ce n’est pas la première fois que l’on annonce la mort de Mokhtar Belmokhtar. "C’est pourquoi les Américains sont très prudents et attendent d’avoir des preuves. Déjà les Tchadiens l’avaient annoncé mort il y a deux ans. On a suspecté qu’il était blessé ou touché par plusieurs raids algériens ou français, mais là, il pourrait avoir disparu dans le raid de samedi soir," explique Antoine Basbous.
Si la mort de Mokhtar Belmokhtar est confirmée ce sera un joli coup pour les Américains. "C’est sans doute le terroriste le plus recherché en Afrique et dans le Sahel, c’est une victoire pour les Américains et la lutte contre le terrorisme. C’est aussi un soulagement pour la France, le Mali, l’Algérie, la Libye. C’est un grand homme du banditisme et du terrorisme en Afrique."
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